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À Couëron, Philippe Gillet tend la main aux animaux « mal-aimés »

ActualitésPublié le 28 mars 2024

Ce spécialiste des reptiles et des amphibiens a fondé Inf-faune à son domicile. Il y recueille mygales, serpents, lézards, caméléons ou encore crocodiles, saisis par l’administration. 

Philippe Gillet accueille entre 300 et 400 animaux, chez lui, à Couëro.. © Inf-faune
Philippe Gillet accueille entre 300 et 400 animaux, chez lui, à Couëron. © Inf-faune

Février 2023. Un vol reliant Dakar (Sénégal) à Nantes connaît un incident heureusement rarissime. En fouillant dans son sac, un passager se fait piquer par un scorpion venimeux. Rapidement, son état de santé se détériore. À l’atterrissage, l’homme est pris en charge par les secours et en sort indemne. Récupéré par les pompiers, l’animal, un androctonus amoreuxi, « potentiellement très dangereux pour une personne fragile » est remis directement à l’aéroport à Philippe Gillet, un herpétologue (spécialiste des reptiles et des amphibiens). C’est dans sa maison de Couëron, que le spécialiste a domicilié son association Inf-faune il y a près de 25 ans. 

« Ils n’ont pas à subir les lois humaines »

« Inf-faune » - pour Information sur la faune - accueille serpents, mygales, lézards… ou encore crocodiles ! Ils sont entre 300 et 400, saisis par les douanes ou les pompiers, à y demeurer. « Les lois n’autorisent pas leur renvoi car ils pourraient transmettre des maladies. » Mais pourquoi les détenir chez lui ? « Ils n’ont aujourd’hui pas de refuge, au contraire des chats ou des chiens. Ils ont le droit de vivre et n’ont pas à subir les lois humaines, les accueillir chez moi leur évite l’euthanasie. » Et pour changer le regard sur les « mal-aimés », il explique et informe, notamment sur les réseaux sociaux où son talent de vulgarisateur est apprécié. Un credo : « La peur et la méconnaissance entraînent la destruction de la nature. »

Loquace, Philippe Gillet est une personnalité hors-norme. Il partage son quotidien avec deux alligators (Ali et Gator !) sauvés d’un élevage et dont la peau est recherchée pour fabriquer des sacs à main. « J’en suis tombé amoureux », justifie-t-il. Forgé par son enfance en Centrafrique et un passé de garde-chasse, il dispose des autorisations les plus élevées décernées par la direction départementale de la protection des populations (DDPP). Sésame obligatoire pour accueillir et manipuler ces animaux, parfois dangereux. Mais aussi menacés.

Inquiet de l’effondrement de la biodiversité, il témoigne : « en Centrafrique, quand j’avais 20 ans, il y en avait partout. J’y suis retourné 50 ans après, il n’y a plus rien, si ce n’est des hommes qui se battent avec des armes. Que va-t-on laisser à nos enfants ? Le boulot des vieux, c’est de transmettre la connaissance. En Afrique, on dit qu’un ancien qui meurt, c’est une bibliothèque qui brûle. Avant mon décès, je veux transmettre le maximum. » Avec un projet : ouvrir un refuge national.

 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

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À noter

Inf-faune est une association ouverte seulement aux professionnels. Elle vit notamment grâce aux formations pour les pompiers, les douanes ou encore la gendarmerie. Mais aussi aux dons. Une vingtaine de bénévoles œuvrent au quotidien pour soigner et nourrir les animaux.