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Sécheresse : les jardiniers de la Ville de Nantes s’adaptent pour arroser le moins possible

ActualitésPublié le 22 août 2022

Depuis le déclenchement de l’alerte sécheresse, le département est soumis à des restrictions drastiques de l’usage de l’eau. À Nantes, les jardiniers municipaux s’adaptent pour économiser la ressource tout en essayant de préserver la végétation et de maintenir des lieux de fraîcheur pour les habitants.

Avec la sécheresse, la Loire-Atlantique est placée en situation de crise pour l’eau potable. Le niveau de la Loire et des cours d’eau étant au plus bas, la Préfecture a pris un arrêté pour réglementer et restreindre les usages de l’eau potable. Jusqu’à nouvel ordre, il est interdit d’arroser les pelouses et les espaces verts. À Nantes, les conséquences sont déjà bien visibles dans les parcs et jardins : « Les arbres de plus de dix ans s’en sortent assez bien, mais les pelouses ont grillé et les massifs de fleurs sont en train de péricliter », constate Romaric Perrocheau, qui dirige les 500 agents municipaux de Nature & jardins.

Priorité aux collections végétales

Pour préserver les ressources, il a fallu faire des choix. « On privilégie la sauvegarde de nos collections végétales remarquables, comme les camélias et les magnolias qui représentent un patrimoine historique et culturel reconnu nationalement ». Plusieurs essences du Jardin des plantes, du Parc du Grand-Blottereau, de Procé et du Parc floral de la Beaujoire bénéficient de cette dérogation, de même que les jardins potagers où l’arrosage est autorisé la nuit de 20 h à 8 h, les jeunes plants et les arbres de moins de cinq ans, dont le système racinaire n’est pas encore suffisamment développé. « Cela représente de faibles volumes d’eau, mais les trois premières années, un arbre en ville a besoin d’être arrosé pour pouvoir tenir et vivre ensuite 50 ou 100 ans », précise le directeur de Nature & jardins. Les plantes élevées sous les serres d’agronomie du Jardin des plantes et du Grand-Blottereau échappent elles aussi aux restrictions. « La conception même de la serre nécessite très peu d’eau car l’eau s’évapore, condense et retombe sur les plantes, détaille Romaric Perrocheau. Elles sont par ailleurs dotées de système de récupération de l’eau de culture, ce qui leur permet de fonctionner quasiment en circuit fermé ».

Maintien des îlots de fraîcheur

En été, l’arrosage représente une grande partie du travail des 300 jardiniers de terrain de la Ville de Nantes. Avec les restrictions, cette tâche a été remplacée par un travail de fourmis pour tenter de maintenir la végétation en vie. « On paille pour garder la terre humide plus longtemps, et on taille davantage pour assurer la survie des végétaux ». Pour limiter la casse sur les pelouses, les jardiniers coupent également moins ras. « Plus l’herbe est haute, mieux elle va supporter le sec, explique Romaric Perrocheau. Ce n’est pas magique, mais l’herbe a un réseau de racines extrêmement dense qui lui permettra de repartir avec les pluies d’automne ». La Ville de Nantes a obtenu une dérogation pour continuer à arroser uniquement les pelouses situées aux abords des pataugeoires et des aires de jeux, considérées comme des îlots de fraîcheur pour les habitantes et habitants. « 50 000 personnes fréquentent chaque jour nos espaces verts, rappelle Romaric Perrocheau. Si elles vont sur une pelouse intégralement grillée, il n’y a aucun bénéfice. C’est le même effet que d’être sur un parking d’un point de vue chaleur. On continue donc d’arroser certains sites, définis avec la Préfecture, pour que les familles puissent profiter d’un moment de fraîcheur sans avoir à prendre la voiture et dépenser du carbone qui réchaufferait la ville et la planète ».

La consommation d’eau divisée par 4

Depuis la mise en place des restrictions, l’ensemble de ces mesures a permis de diviser par quatre la consommation d’eau du service des espaces verts nantais. « Nous n’avions jamais connu un épisode aussi violent, reconnaît Romaric Perrocheau. Cette sécheresse a été un coup de semonce ». Pour anticiper de nouveaux épisodes caniculaires, la direction Nature & jardins vient de recruter un gestionnaire de l’eau et réfléchit à des mesures d’adaptation sur le long terme. « C’est toute notre façon de voir la ville qu’on va devoir changer, prévient Romaric Perrocheau. Est-on attaché au nombre d’arbres que l’on plante ou à la chance que l’on donne à chaque arbre de vivre 50 ou 100 ans ? » Le directeur en est convaincu : « Il faudra sans doute à l’avenir planter un peu moins, mais s’assurer que les arbres que l’on plante seront toujours là dans quinze ou vingt ans pour nous apporter de l’ombre et de la fraîcheur ».

Pleine terre et essences adaptées

Pour donner une chance à la végétation de se développer dans des conditions climatiques moins clémentes, les solutions existent : « Il faut privilégier les plantations en pleine terre intégrale, qui nécessitent moins d’arrosage, choisir des essences qui résistent mieux aux épisodes caniculaires... », énumère Romaric Perrocheau. Les jardiniers de la Ville de Nantes ont déjà prévu de lancer des prospections pour sélectionner des semences adaptées aux milieux secs afin de les mettre en culture dans la pépinière municipale. Ils réfléchissent également à des solutions techniques pour utiliser l’eau avec parcimonie, comme les systèmes de goutte-à-goutte, déjà utilisés dans les massifs, ou l’implantation de sondes dans le sol qui permettraient de connaître en temps réel le meilleur moment pour arroser. Juste ce qu’il faut.

Bon à savoir

L’ensemble de la Loire-Atlantique a dépassé le seuil d'alerte sécheresse le 8 août. Depuis le 17 août, le département est placé en situation de crise pour l’eau potable, avec un degré de vigilance de niveau 4 sur une échelle de 4. Pour économiser l’eau, plusieurs mesures de restrictions doivent être respectées. Arrosage des jardins, des potagers ou des terrains de sports, lavage des voitures… Retrouvez ici ce qui est autorisé ou pas pendant la sécheresse.