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CinéPride fête ses 20 ans

Publié le 29 avril 2024

Initié en 2004 par le centre lesbien et gay de Nantes (aujourd'hui NOSIG) et le cinéma Katorza, le festival CinéPride a 20 ans. La 20e édition se tiendra du 18 au 23 juin prochain avec une vingtaine de films, deux fois plus qu'à ses débuts. Retour sur l'histoire d'un jeune festival devenu adulte !

Image de deux hommes, assis, de dos, avec la mer ensoleillée en fond.
Image de Summer of Carmen, film d'ouverture des 20 ans de Cinépride

« Le festival des 20 ans s'ouvrira sur une comédie grecque, The summer of Carmen. Carmen est le nom d'un chien, on en dit pas plus ! Il y aura aussi un documentaire plus sombre sur la jeunesse queer en Colombie. Et comme à notre habitude, des courts métrages et des films de genre. » Rencontre avec Cyrille Cadeau et Yanis Teillard, 2 membres de la commission CinéPride de NOSIG, parmi les 10 chargés de mettre en place ce festival.

Le 3e festival LGBT de France

En 2004, seules Paris (Cinnefable) et Tours (Désir...Désirs) ont un festival de cinéma LGBT en France. Cécile Menanteau, directrice du Katorza, et Pierre-Yves Lebrun, président du centre lesbien et gay de Nantes, imaginent alors le premier « festival de films gays et lesbiens » nantais. Il propose 10 films du 21 au 28 mai 2004 au Katorza. Mais, c'est quoi au juste un festival de films LGBT ? « D'abord, c'est un festival de cinéma. Quand on programme, la première question c'est : Est-ce du bon cinéma ou pas ? Ensuite, on peut se dire en effet que l'histoire d'une rencontre, qu'elle soit gay ou hétéro, est la même au fond. Mais quand un réalisateur ou une réalisatrice concernés la racontent, c'est un acte politique, qui témoigne de la vie d'un groupe minoritaire dans la société. Et un moyen de sensibiliser à la différence. »

2004 : une autre époque

D'autant plus que le paysage du film de 2004 n'est pas celui d'aujourd'hui. « Hormis Almodovar, on ne peut pas dire qu'il y avait alors des réalisateurs gays connus du grand public ». Les réalisateurs gays Chéreau ou Téchiné opèraient déjà certes. « Mais ils ne tiraient pas spécialement le fil du film LGBT ». Pour les programmateurs de l'époque, c'est alors un travail monstre pour dénicher des films nés en dehors des circuits classiques de distribution. « De cette époque, nous avons gardé la capacité à traduire des films étrangers inédits qui ont du mal à être distribués. On gère en direct avec le réalisateur et on aide ainsi certains films à vivre une vie après nous. »

Des épisodes marquants

En 20 ans, le festival a connu quelques moments marquants. « En 2016, Christiane Taubira nous a envoyé une vidéo de soutien, quelques temps après le mariage des couples de même sexe. En 2019, on a accueilli la réalisatrice Céline Sciamma pour l'avant première du Portrait de la jeune fille en feu, prix du scénario à Cannes ». Le passage d'Antoine Reinartz, interprète de 120 Battements par minute sur les jeunes années d'Act Up, a aussi marqué les esprits. « Et puis, il y a eu 2017, quand la région des Pays de la Loire a décidé de supprimer sa subvention. Nous avons dû organiser en catastrophe une Queer messe pour récolter des fonds. Et ça a été notre record d'affluence ! »

Quand le cinéma LGBTQIA+ gagne en visibilité

Depuis 4-5 ans, « les films à thématique LGBT sont de plus en plus nombreux à être distribués. Mais certains distributeurs préfèrent les accorder à des festivals généralistes, plutôt que de les enfermer dans un festival pride. Ça devient donc de plus en plus dur de mettre la main sur des films en avant-première. » CinéPride reste donc fragile, même s'il est aujourd'hui soutenu par des partenaires fidèles : la Ville de Nantes, le département de Loire-Atlantique, la Dilcrah (Délégation interministérielle de lutte contre la haine anti-LGBT) et des dons associatifs ou privés. « On est aussi en réseau avec la vingtaine de festivals ciné LGBT qui existent maintenant en France. »

Et demain ?

Au fil des ans, CinéPride a multiplié les partenariats : avec l'association Contact pour la prévention du suicide et le dialogue avec les familles, L'autre cercle qui œuvre dans le cadre du travail... Des séances « hors les murs » ont vu le jour, comme à Ancenis au cinéma Eden3. « A l'avenir, on aimerait montrer plus de films, ponctuer notre présence tout au long de l'année, comme on le fait cette année en « pré-festival » avec une séance par mois depuis janvier. Toucher le maximum de personnes et prendre aussi plus de risques, avec des films parfois moins fédérateurs. » Pour ça, CinéPride s'appuie sur des bénévoles engagés et qui se renouvellent régulièrement : « Nous avons des visions différentes de ce que doit être le ciné LGBT : c'est notre grande richesse. »

Tout savoir de l'histoire et de l'édition des 20 ans de CinéPride : https://www.festivalcinepride.com/

En parallèle

Plusieurs temps forts se dérouleront en parallèle de CinéPride

La semaine spéciale "éducation aux médias" du 10 au 14 juin 2024

> interventions de l'association Fragil en ateliers dans 10 collèges/lycées sur le thème des représentations LGBTQIA+ au cinéma et dans les médias. L'objectif est d'impliquer au moins 300 à 500 jeunes, les sensibiliser tout en recueillant des témoignages.

> le 14 juin 2024 : un grand événement public de restitution et d'élargissement du sujet avec des intervenants et intervenants experts : CinéPride, Nosig et la toute nouvelle "Fédération Française des Festivals de Films LGBTQIA+" créée en août 2023

La soirée anniversaire des 20 ans de CinéPride, le 22 juin 2024 de 21h à 03h (lieu à confirmer).

> une soirée festive, engagée, mettant en valeur une programmation d'artistes nantaises et nantais (DJs, drag et autres performer et performeuses). Cette soirée mêlera musique, performances et bien sûr images extraites de film et courts-métrages.

> une action de sensibilisation forte et volontariste autour des enjeux de consentement, de lutte contre les discriminations et de fête "safe" pour toutes et tous.